Dring ! Un numéro inconnu sur mon téléphone. Au bout du fil, pas un démarcheur, mais Gilles B.
— Je vous appelle à propos du phare des Pâquis,… Schmiedt, le constructeur qui a fait la tour métallique est mon ancêtre… j’ai pensé que ça pouvait vous intéresser ?
Rencontre de Gilles : photos tirées de l’album familial, objets de son aïeul qui ont traversé les âges, bière sur sa terrasse…
Charles Henri Schmiedt est né à Genève en 1834. Il est originaire d’Allemagne. On n’a pas d’indice sur les écoles et formations qu’il a suivies dans sa jeunesse. Aux « Archives cantonales » on trouve la trace d’une autorisation de construire pour une villa au chemin des Ronzades dans le quartier des Acacias non loin de « Les Serres en Fer » son atelier de serrurerie.
Charles-Henri Schmiedt sera membre de la Société des Arts de Genève de 1887 à 1910.
A 28 ans Charles-Henri, chef d’entreprise, engage Augustin Patiaud, un dessinateur et ingénieur français formé dans la prestigieuse école de la Martinière à Lyon. C’est probablement avec ce dernier qu’il peaufine sa formation aux secrets des charpentages métalliques. Son atelier obtient la mise en chantier des 12 travées cintrées en tôle du futur pont du Mont-Blanc. Les travaux débutent le 13 février 1862. Par la suite le duo réalisera de multiples ponts de chemins de fer. En 1875, sur le tracé de Fribourg à Yverdon-les-Bains, en 1878, ceux de la ligne Paris Lyon Méditerranée (PLM) de Bellegarde à Thonon-les-Bains et les fermes en fer des entrepôts PLM de Villeneuve-Saint-Georges . En 1879 Augustin quitte les ateliers Schmiedt et crée, avec l’aide de Charles-Henri, sa propre entreprise en France. Il construira notamment la tour en acier de Fourvière et la charpente du Palais principal, dit « la Grande coupole », de l’Exposition universelle de Lyon en 1893.
À Genève, Charles-Henri étend ses activités et se spécialise dans les machines hydrauliques. Il réalise dès 1865 sur le Rhône un captage pour alimenter en eau les communes d’Onex, Bernex, Confignon et Lancy. En 1866, avec une concession d’exploitation pour une durée de 30 ans, il met en route l’usine de pompage de Vessy. Pour cela, il crée, avec quelques amis, la « Société des eaux d’Arve » dont il prend la direction (JdG du 3 mai 1866).
Profitant de l’assèchement du bras gauche du Rhône pour les travaux de soubassement du Bâtiment des Forces Motrices (BFM) Charles-Henri réalise en 1884 le segment Sud d’une nouvelle passerelle en acier au pont de la machine. Trois années plus tard, il complète son œuvre par le segment Nord avec ses 39 rideaux en bois. Ce dispositif vient répondre à la
« Convention de Berne de 1866 » qui attribue à Genève la responsabilité du contrôle du niveau du lac Léman.
En 1887, ce sera le pont de la Tourne-à-Conty, dans la forêt de Mâchefer à Versoix, en 1889, le pont CFF de la rue du Valais à Genève et de 1891 à 1893, le Marché couvert de Montreux. Il réalise, en 1893, les 2 escaliers en spirale qui entourent les piliers du pont de la Caille (Haute-Savoie).
Cette même année, ses ateliers construisent la tourelle en acier du phare des Pâquis. Pour cette œuvre Charles-Henri opère en étroite collaboration avec Émile Charbonnier l’Ingénieur Cantonal et son architecte Paul Bouvier. Les échafaudages sont dressés sur le musoir dès le 8 octobre 1893. Les éléments sortis de son usine sont rivetés sur la digue et les travaux se terminent dans les premiers mois de l’année 1894.
Charles-Henri SCHMIEDT décède le 19 décembre 1922 au Petit-Saconnex.
Le journal de Genève du 22.12.1922 dans sa rubrique nécrologique nous signale seulement qu’il a été membre de la Société littéraire et des Arts, que la cérémonie se déroulera sans « honneur ». Il est enterré au cimetière de Saint-Georges.
Photo de droite : un tube de bronze écrasé qui a servi de teste lors de l’acquisition d’une nouvelle presse hydraulique. Relique qui s’est transmise dans sa famille…